L'ourse et le Roi~

Messages : 13 EXP : 110 Love me or not : 2 Date d'inscription : 15/05/2011

La journée ne faisait que débuter dans les landes, le soleil se levait lentement et se fraya un chemin dans la chambre de sa majesté, passant dans les rideaux à la fenêtre. Le regard du jeune roi se plissa légèrement avant qu'il ne glisse sa tête sous les oreillers de son vaste et grand lit douillet. Son bras pris un temps avant de tâter le corps de la personne qui gisait à ses côtés, également entrain de dormir. Après quelques moments, le bras ramena le corps contre le sien, la serrant à son embrasse tout en profitant de son odeur alléchante. Pour ceux qui se demande à qui appartenait le corps divin qui reposait à ses côtés, ils ne connaissaient guère très bien le roi. S'était une des seules personnes, avec qui il partageait sa couche, en dehors de sa femme légitime. Elle répondait sous un nom peu particulier, mais sa personne était tout à fait particulière et unique. Dans un faible murmure de la part du souverain, on puis entendre...

- Isabel...

Les lèvres de l'homme vinrent se glisser dans le cou de celle-ci, un regard entrouvert posé vers son minois. Les doigts d'Uriel vint parcourir la chevelure de cette dernière, dégageant quelques mèches pour mieux observer et contempler sa beauté divinement enchanteresse. Il fini par se redresse lentement, d'une position semi-assise, levant un oreiller pour y apposer son dos lentement. Un coup d’œil vers la fenêtre lui fit balayer ses doigts légèrement, dans le vide de l'air, faisant refermer les rideaux qui l'aveuglait trop en début de matinée.

- Voudriez-vous faire une promenade dans les boisées, ma divine ?

À peine le temps de terminer ses quelques paroles, que l'on cognait contre la porte lourde de ses appartements. Une voix s'exclama et demanda s'il était réveillé. Quel sottise à demander lorsque le son lui même des coups à la porte ferait même réveiller un sourd. Quoi qu'il en soit, Uriel n'en dit rien et on s'excusa à la porte, avant d'entrer. Le regard du souverain se posa sur une de ses servantes, à la fois doux et sévère, malgré un air quelque peu endormit. La voix d'Uriel se faisait à la fois sensuelle et envoutante, comme à son habitude, avec la gente féminine.

- Préparez moi des vêtements pour l'extérieur, je sort aux boisées ce matin. Également pour celle qui hiberne à mes côtés...

- Tout de suite, votre majesté.

Alors que son regard se délaissait de la servante pour revenir sur l'ourse, Uriel prit la peine pour s'étirer durant un long moment, un léger craquement perceptible au niveau de ses épaules. Il haussa légèrement les épaules par la suite, se levant du lit en retirant un très léger vêtement qui reposait au bas de son corps. Sa queue de diablotin valsait très lentement, en faisant le chiffre huit, comme au gré d'une musique imperceptible outre que dans son esprit...

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Ses songes étaient ce qui captivait le plus Isabel. Le tout était un drôle mélange de réalité et en même temps de farfelu. Les messages que lui envoyait son subconscient étaient subtils, mais toujours présents chaque fois qu'elle fermait les yeux. Le fait qu'elle n'était en aucun cas capable de contrôler ses rêves ne lui faisait pas peur. D'ailleurs, ce n'était toujours que des rêves justement non ? Chaque nuit, il y avait toujours cette immense bête qui faisait des apparitions un peu hors du commun, comme s'il voulait l'avertir de quelque chose. Puis elle rêvait toujours de l'homme qui l'avait enchaîné à ce royaume maudit. Il ne se passait pas une seule nuit sans qu'il n'y soit pas. Pourtant, ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas essayé. Au début elle dormait très mal à force de ne pas vouloir le voir faire irruption dans ses rêves mais après un certain temps, elle était venue à la conclusion qu'elle n'y pouvait rien.

Cela faisait plusieurs mois qu'Isabel habitait parmi les Tiefling. Pourtant la sauvage ne s'y adaptait pas, tout au fond d'elle. Il n'y avait pas une journée sans qu'elle n'ait eut cette douleur atroce à la tête, comme si quelque chose l'oppressait, comme si on refermait des étaux contre ses tempes et qu'on forçait sans cesse. Isabel n'en avait jamais fait mention à personne, pas même en pensé à elle-même. C'était seulement une chose qu'elle ressentait, sans qu'elle puisse l'expliquer. Elle ne se souvenait même plus jusqu'à quant cela datait. La cause, le comment, le pourquoi ne l'intéressait point. Tout ce qu'elle voulait, que ça s'arrête enfin. Ce mal permanent lui changeait l'humeur et même physiquement. Moins encline à discuter, Isabel semblait plus perdue et désintéressée de tout. Avait-elle été seulement intéressé par quelque chose à Yshdar ? Et celui qui arrivait à la manipuler comme un vulgaire pantin ne comptait pas !

Regardant tout autour d'elle, elle avait peine à voir ce qui se passait. Tout défilait tellement vite. Isabel n'avait même pas le temps de voir clairement le paysage qui l'entourait. Des arbres, des gros rochers, le bruit d'une rivière qui coule très rapidement. Oui le son s'amplifiait à une vitesse folle. Elle courrait tellement vite et faisait des très grands pas. Comment s'était possible ? À bout de souffle, Isabel finit par atteindre ce torrent. Elle fuyait quelque chose assurément, sinon pourquoi courir d'une façon si affolée ? Tournant la tête, la jeune femme eut le temps d'apercevoir son poursuivant et une confusion mentale s'en suivit alors qu'elle sautait dans ce qu'elle détestait le plus au monde, l'eau. Pourquoi fuyait-elle Uriel dans cette forêt ? Agitée, elle se débattait pour garder la tête hors de l'eau. Le courant était tellement fort et elle ne savait même pas nager! .. L'eau commençait à pénétrer dans sa gorge et la frénésie l'emporta. les remous eut raison d'elle cependant et sa tête alla cogner durement contre un immense rocher. Le noir commença à l'envahir rapidement, en plus de ce froid. Ce qu'elle détestait l'eau, qu'elle soit chaude ou froide. Une douce embrassade vint la tirer de l'eau. Tout ses membres étaient engourdi mais Isabel pouvait quand même sentir cette chaleur contre son corps qui la serrait fortement. Elle était morte ? On l'avait sauvé enfin ? On l'appelait par son prénom .. On lui murmurait tout près de l'oreille. Ça semblait tellement lointain, comme si cette voix se trouvait à des lieux à la ronde. Elle ne voulait pas rester seule dans cette eau, ou tout près. Rentrer chez elle, être libre, voilà ce qu'elle voulait. Et si jamais cet homme la retrouvait ? Ouvrant péniblement les yeux, elle fit face à celui qu'elle fuyait depuis tout à l'heure.

Le souffle court, Isabel ouvrit réellement les yeux en faisant face à Uriel. Haletante, son coeur fit un bon de panique dans sa poitrine en ayant un mouvement de recul véritable. Incertaine, la jeune femme regarda tout autour d'elle quelques instants puis frôla les drapés du bouts des doigts pour s'assurer que rien n'était trempé. Le coeur battant toujours trop vite, elle reposa les yeux sur Uriel en ressentant un immense malaise. Que s'était-il passé ? Isabel ne quittait pas le propriétaire du regard, en guettant chacun de ses mouvements comme s'il allait l'attaquer. Ils se ressemblaient en quelques points physiquement, la couleur des cheveux et des yeux surtout. Que faisait-elle dans son lit ? Elle qui ne l'aimait même pas. Elle aurait réellement préférée être en bas, avec les autres. Être dans cette cellule toute petite, fraîche et surtout tranquille. Isabel avait demandé à de très nombreuses reprises à Uriel pour y retourner et il n'avait rien voulu savoir. Bien qu'un lit était confortable, Isabel préférait de loin le fond d'une cellule rocailleuse. Il y avait longtemps qu'elle n'y était pas retournée. Uniquement lorsqu'elle se conduisait vraiment mal ou quand le seigneur des lieux était vraiment hors de lui. Isabel avait une cellule différente des autres. D'immenses chaînes magiques l'attendaient en bas si elle n'obéissait pas. Au début, elle aurait tout donner pour sortir de cet enfer mais maintenant ... Isabel n'avait plus la force de désobéir à Uriel, vraiment plus.

Isabel l'écouta attentivement comme à son habitude. Encore un peu sous le choc, elle eut presque envie de le supplier de l'enfermer, au moins là-bas il n'y avait pas ces cauchemars ! Puis Isabel se ravisa en acquiesçant lentement d'une voix forcée :

- S'il vous fait plaisir Uriel, alors je vous accompagnerai dans les boisés quand vous serez prêt.

Elle n'avait aucune envie d'y aller, pas avec ce qu'elle venait de rêver. Elle voulu lui demander s'il y avait une rivière puis se ravisa une fois de plus en inspirant fébrilement. Le roi savait combien Isabel craignait l'eau, mieux que quiconque. Le regardant se lever, Isabel se mit en position assise dans le lit puis vint mettre les pieds dans le vide sans dire un mot. Elle guettait Uriel du coin de l'oeil tout en gardant la porte en vue. Cette dernière s'ouvrit en montrant la même servante qui n'avait pas l'air très joyeuse. Elle s'en alla déposer les vêtements à côté d'Isabel en lui adressant un regard cynique. La saran savait bien qu'elle ne l'aimait pas, encore moins car elle partageait la "chambre" du roi lui-même. Soupirant, la jeune femme attrapa les vêtements qui lui étaient destinés puis les enfila d'un geste monotone en se forçant de sourire. Ça ne lui disait rien de bon, une promenade dans les bois. Demeurant assise dans le lit, à l'endroit où avait dormit Uriel, la jeune femme caressa la draperie en demandant vaguement, presque inaudiblement :

- Quand vais-je pouvoir retourner en bas Uriel ? Je me suis bien conduis non ? ...

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Uriel écarta lentement ses bras, laissant la servante lui enfiler les vêtements sur le corps en observant au loin, le portrait de sa défunte mère. Peu de gens le savent, mais elle fut assassinée par des nobles d'Yshdar quand il était jeune. Depuis ce temps, il garda une certaine rancœur envers ceux qui osa faire cela à la famille royale. Pourtant, sa mort fut étouffée par une simple disparition et puisqu'elle n'était que là pour enfanter de futur héritiers, sa besogne était déjà terminée. Peut-être était-ce même son père qui avait voulu s'en débarrassé, il doutait de cela juste à regarder le portrait. Quand la servante eut terminée de vêtir une camisole moulante à son torse, suivit d'une chemise blanche à l'intérieur rouge, des guêtres d'un rouge vin, de longues bottines noires ainsi qu'une vaste cape légère, bien rouge et arborant les armoiries royales, à son dos. À la ceinture qui tenait les guêtres, fut installé une épée sertie de diverses runes, à son fourreau. Finalement prêt à partir, il rejoignit les côtés d'Isabel, lui proposant sa main comme tout noble l'aurait fait pour danser, bien que pour sa part, il ne courbait guère l'échine à le faire. Il était tout de même le roi et il apprit cela bien assez tôt, que s'était les autres qui mettait le genoux au sol devant lui.

- Allons y, Isabel.

Sans trop attendre, il ouvrit le pas et les gardes en dehors de ses appartements se mirent au garde à vous sur le champ. D'un simple regard, ils comprirent que le roi sortait sur ses terres et qu'il était de leur devoir de protéger ce dernier jusqu'à leur dernier souffle de vie. Les quatre guerriers étaient vêtus des habits royaux de la garde des ombres, la garde personnel du souverain, celle qu'il avait créer à sa protection au début de son règne. Même si les dragonniers existaient, peu d'entre ceux-ci en étaient et certains étaient réputés dans diverses domaines ; allant de l'assassinat, du bellicisme et plus encore. Ces derniers étaient habillés de noir et de rouge, les armures étant variés de par leur protection et non par leurs métaux bien sombre.

Il continua ainsi de se pavaner dans les couloirs du palais, errant légèrement au premier regard, puisqu'il vint quérir un sac à son bureau avant de prendre le chemin jusqu'aux portes arrières du palais, endroit où il était aisé de sortir sans se faire regarder et louanger par toutes les femmes. Les gardes prirent de la distance face à leurs personnes, plus aux aguets qu'à leur habitude, tandis qu'Uriel ne manifestait absolument aucune gêne ou même de curiosité face à l'extérieur du palais. La promenade dura une trentaine de minutes, Uriel était resté silencieux depuis le moment où il avait mit le pied à l'extérieur. Bien que l'endroit était souvent aride et dangereux, la partie boisée d'Yshdar était sans doute la plus riche de tous les royaumes, même si elle était toute petite.

Une fois arrivé à bon port, Uriel posa son arrière train contre un rocher et sorti une roche et quelques outils de la besace qu'il avait amené. À ce moment, il sculpta la pierre en murmurant quelques incantations à voix basse, dans une langue qui semblait plus qu'antique, oubliée par les mortels et méconnu de maints érudits. S'était une langue runique, une langue qui permettait d'enchanter des objets en autant que la bonne lettre était gravée sur un objet, suivit d'une petite incantation simpliste mais difficile à la prononciation. Dire qu'il avait découvert cela dans les bas fonds des archives de la bibliothèque privée du palais, l'endroit où peu de gens semblaient visiter. Son regard revint alors sur Isabel, alors que l'objet qu'il était entrain de façonner se mit à étinceler de lui-même...

- Nous allons vous mettre à l'épreuve aujourd'hui. L'endroit fut choisi en conséquence, puisque vos actes seront difficilement prévisible. Permettez moi de libérer se poids qui vous pèse depuis déjà quelques mois. Mais en retour, tâcher de contrôler ce qui est en vous, sans quoi vous perdrez encore de votre humanité, Isabel...

Uriel s'approcha alors d'Isabel en laissant son matériel vers le rocher, ses doigts vinrent se glisser aux poignets de celle-ci et prononça un seul mot dans une langue étrange que personne sauf lui même comprenait. Les deux bracelets se brisèrent alors, tandis qu'il se dissipa plus loin, retournant au rocher où il y prit place en toute simplicité. Son regard resta posé sur elle, tandis qu'il semblait attendre... attendre quelque chose...

- Combattez la bête en vous et acceptez la comme ce que vous êtes. Alors là vous retrouverez les raisons qui fait que vous êtes en Yshdar actuellement. Souvenez-vous de ce qui c'est passé. Apprenez à contrôler et ne vous laissez guère submerger. Votre père a choisi ce royaume car nous sommes parmi les rares à pouvoir vous aidez à contrôler cette nature. Le moment que vous cèderez à la bête en oubliant ce que vous êtes, vous aurez perdu votre identité, Isabel.

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La jeune femme n'avait pas été surprise que le roi ne lui ait pas répondu. Sa requête, il la connaissait par coeur et lui avait maintes fois qu'il ne voulait plus jamais l'entendre. Isabel préférait demander, des fois que ce dernier changerait d'avis, ou qu'il serait enfin enclin à l'écouter et non pas seulement la faire obéir. Isabel avait donc prit doucement la main d'Uriel pour le suivre dans cette promenade. Elle aimait sortir du château de temps en temps, il l'avait peut-être remarqué. Silencieuse comme personne, elle traversait les couloirs en prenant bien soin d'éviter le regard des autres. Elle n'avait pas choisi cette position et n'aimait pas être confronté par ces êtres maléfiques. Ils étaient tout ce qu'on cherchait à fuir dans ce monde. On ne pouvait pas leur faire confiance et encore moins conclure d'alliance avec eux.

Lorsqu'ils mirent le pied dehors, Isabel se tenait toujours très près d'Uriel. Certes elle aimait l'air de l'extérieur, mais avec tous ces êtres la dévisageant, c'était autre chose. Isabel trouvait étrange que le roi n'engage pas la conversation du tout. En même temps, elle préférait cela. Avait-il seulement voulut faire cette promenade pour se dégourdir en sa compagnie ou avait-il autre chose derrière la tête ? Plus ils avançaient vers le boisé d'Yshdar, moins la saran se sentait confortable. Elle n'était jamais vraiment venu dans cette partie du royaume. Le paysage n'était pas bien plaisant à regarder de toute façon. Jetant quelques coups d'oeil à Uriel qui demeurait silencieux, Isabel se contentait de suivre sans prononcer le moindre mot. Ces bois étaient loin d'être aussi beaux que ceux de Veor. Elle ne savait pas trop à quoi elle s'était attendu en le suivant. De la belle verdure, un endroit sain avec des cervidés galopant autour d'eux ? La vision qu'elle avait devant elle était plus que décevante.

Elle fut surprise de voir Uriel l'ignorer totalement pour s'en aller faire ses trucs dans son coin. Haussant les épaules pour elle-même, Isabel se détourna en observant tout autour d'elle. Que c'était laid. Soupirant profondément, elle finit par ramener son attention sur ce qu'il fabriquait puis baissa les yeux sur ses propres poignets en entendant le même tintement métallique, ou presque. Sa gorge se resserra. Elle n'aimait pas la situation. Ces choses étaient là pour la protéger lui avait-il dit un jour. Était-ce seulement vrai ?

Levant la tête lorsqu'il s'approcha d'elle, Isabel l'observa avec attention en cachant ses mains dans son dos rapidement. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui disait. Sa respiration s'était accéléré très rapidement. Le poids qui pesait sur son dos ? De quoi parlait-il !? Isabel regardait nerveusement autour d'elle. Il n'avait vraiment personne d'autre. La jeune femme le regardait toujours dans les yeux alors qu'elle tentait de retenir ses mains dans son dos. Lorsqu'il réussit à les atteindre, sans trop de difficulté, une chose inattendue se produisit. D'un déclic, ses bracelets tombèrent sur le sol alors qu'Isabel sursauta avec les yeux ronds. Pourquoi ? Ne le quittant pas des yeux, la jeune femme recula de quelques pas à son tour en titubant. Sans savoir pourquoi, elle se mit à chercher des yeux ses bracelets alors que ses yeux prenaient un teinte lumineuse, jaune. Son visage laissait paraître une douleur atroce qui l'envahissait alors qu'elle titubait pour s'agripper à un tronc mort. La noirceur commençait à prendre le dessus, comme le jour où elle avait tué sa mère et plusieurs des siens. Respirant difficilement entre ses cris, Isabel laissa échapper un "non" strident en secouant la tête avant de lever un visage totalement différent vers le roi. À bout de souffle, les yeux brillants plus que jamais, Isabel leva un main griffue vers son propre visage en s'entaillant la joue profondément en laissant échapper un drôle de rictus. D'une voix forte, rouillée et dominante, elle fit à l'intention de l'autre :

- Ton discours était bien beau mais je n'en ais rien à fouttre. Elle n'aura jamais sa place, surtout pas pour que tu la contrôle !!! Elle n'est rien du tout, qu'une enveloppe et encore. Jamais je ne lui laisserai ma place, JAMAIS !

La profonde entaille qu'elle venait de se faire s'était tout de suite refermée en un rien de temps. La transformation était plus longue, normalement ce n'était pas supposé. Au fil du temps c'était sensé prendre de moins en moins de temps mais il y avait un bail qu'elle n'était pas sortie ! Faisant un pas de plus vers Uriel, la bête renforça en tonnant :

- Pauvre Isabel, tout ce qu'elle veut c'est que je disparaisse pour de bon. Elle a peut d'elle-même. T'aurais du la voir paniquer quand t'as retirer les bracelets !!! Elle ne veut pas coopérer, et moi non plus !!

La saran en elle avait effacé la personnalité d'Isabel complètement. Il n'y avait qu'avec les bracelets que l'ourse était complètement supprimée mais encore là Isabel ne se sentait pas plus en sécurité. Maintenant que le sceau n'était plus ... La bête avait poussée la jeune femme dans un coin pour prendre la place. Son côté animal avait eut raison d'elle. L'ourse était la dominante, Isabel la dominée. Ricanant pour elle-même, elle laissa aller un grognement féroce avant de reculer et de changer de forme complètement en un rugissement faisant trembler la terre sous eux. Pour la bête, la douleur n'était rien en la comparaison de la satisfaction qu'elle ressentait en ce moment même. En ce qui concernait Isabel, elle ne tenait plus. La douleur était indescriptible. Elle sentait tout ses muscles se déchirer, sa tête exploser et perdre le contrôle. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait c'était cette étape et aussi celle où elle se réveillait par la suite, complètement fébrile et au bord de la crise de nerf. Elle s'était toujours dit qu'un jour la bête finirait par bien prendre le dessus sur elle, et à ne plus lui laisser de place. Il y avait de vieilles légendes que les anciens racontaient, et ça se passait comme ça. Cette fois, Isabel se sentait sombrer bien loin, sans même pouvoir voir la lumière.

Dans un grondement triomphant, la bête frappa tout ce qui se trouvait autour d'elle. Immenses rochers, troncs d'arbres et même le sol. Ce que ça faisait du bien ! Tout le reste paraissait bien insignifiant maintenant, même ce roi de ce royaume stupide. S'approchant de lui rapidement en faisant trembler la terre sous ses pattes, la bête le toisa longuement avant de pousser un rugissement et de faire claquer son immense mâchoire près de sa tête. Ses yeux jaunes finirent par se tourner et la saran détala dans la position opposé à celle du roi. Croyait-il vraiment qu'elle allait rester là à attendre ? Surplombant la plupart des arbres, la bête s'amusa à les balancer de tout bord tout côté en prenant soin d'en lancer un ou deux dans la direction d'Uriel.

On pouvait s'imaginer la bête triomphante, marchant, courant vers un étendu volcanique qu'elle ne connaissait pas. Et Isabel, l'humaine tenant à peine sur ses genoux en tremblant de tout son corps en se tenant la tête entre ses deux mains, luttant contre la bête qui ne lui laissait aucun répit. Jamais elle n'allait y arriver, jamais elle ne sortirait de cet endroit.